jeudi 31 décembre 2015

Que veut dire « être de droite » ?  (Les Observateurs)
http://lesobservateurs.ch/2015/10/17/que-veut-dire-etre-de-droite/    

COMMENTAIRE.       

La Gauche n'a plus de gauche que le nom ! La Droite est catapultée dans la lutte pour la défense des droits élémentaires de l'homme : liberté, dignité, avec tout ce que cela comporte, droit à sa culture, tel que la Gauche le préconisait, en Suisse, pour les immigrés dans les années 70-80, lorsque le statut de réfugié était encore entendu comme potentiellement temporaire  -  du moins sur le plan légal, théorique...  Autrefois, la gauche veillait au grain, et obtenait de l'Etat qu'il assume, ou en tous cas qu'il subventionne des cours pour immigrés dans leurs langues et relatifs à leurs cultures  -  tout en se moquant, gentiment encore mais ouvertement, de la nôtre, qui était largement considérée comme désuète, nulle, un peu  "bê-bête", et qu'il n'était pas de bon ton, à Genève, dans les années 70, d'apprécier et encore moins d'aimer. Telle était la situation, dans notre canton, pour un jeune de 15 à 20 ans de ma génération. Aujourd'hui, non seulement la moquerie est devenue plus acerbe, mais l'école s'y est jointe aussi, et a consciencieusement effacé une grande part de la mémoire ancestrale culturelle et historique de notre pays, pour les générations futures, sous prétexte que  "nous ne sommes plus seuls chez nous". La cohabitation n'est pas désagréable, mais le traitement est inéquitable. Pour le moins...   
Cette question a atteint nos mentalités en profondeur, et pour moi, qui suis née à la fin des années 50, il était déjà hors de question, à l'adolescence, d'aimer ce qui représentait les racines de mon pays, et qui en faisait la spécificité  -  à part le fromage et le chocolat, et encore...  jusqu'au jour où, vers l'âge de 17 ou 18 ans, j'ai réalisé qu'il y avait en fait un gouffre béant entre ce que je croyais devoir afficher et ce que je ressentais réellement. Assez  courageusement, j'ai résolu un jour d'oser affirmer timidement que j'aimais bien le cor des Alpes et le  yoddle : c'est vrai, ces voix puissantes vibrent et me font vibrer avec une grande émotion ; l'accordéon peut prendre des accents tout-à-fait émouvants, et la mélodie n'est pas en reste : elle vous entraîne parfois sans que vous le vouliez à dodeliner de la tête ou à tapoter allègrement du pied ou des doigts sur la table. Bref, tout ce qui n'est pas permis dans un environnement ou  suisse  rimait déjà presque avec  cuistre, et où le  savoir-vivre et  bien-pensisme jeune-gauchiste était déjà tourné résolument vers l'extérieur de notre si petit et négligeable pays.  
Lorsque j'osai déclarer mes affinités culturelles avec le lieu qui m'avait vue naître, j'essuyai de gentilles rigolades, des oeillades amusées et de franches plaisanteries en les termes d'un explicite désaccord, qui n'avait d'égal que l'étonnement aussi sincère que profond de mes camarades :   "Non, sans blague !!! T'aimes le folklore suisse ???!!! "  
Ils étaient médusés : je crois qu'ils se demandaient si je plaisantais ;  mais ils le savaient déjà : en plus, j'osais aimer l'allemand...!...      
Il ne fut pas long avant que j'en sois amenée à prendre une définitive résolution sur une question que je m'étais volontairement laissée ouverte, en raison des orientations franchement affichées des mes  meilleures amies d'école   -  le  monde, pour un ado  :  elles-mêmes fréquentaient assidument les  "grands de l'école", qui étaient déjà en troisième puis en quatrième, et dont nul, dans tout le collège, ne pouvait décemment ignorer les convictions politiques. Je les fréquentais aussi pour être avec elles, et tout le monde,  y compris moi, se demandait quelles pouvaient bien être mes affections politiques, tellement le sujet m'était pénible et fastidieux.  
Pour avoir quelques idéaux communs, des aspirations de paix et de justice pour tous les hommes  -  mais, reconnaissons-le, celles-ci sont communes à  peu près à tous les adolescents, très prônes à l'idéalisme  -   je me demandais quels sacrifices  je devrais faire, quelles concessions sur ma personnalité, pour me voir accorder le  "privilège"  d'être appelée par le nom du groupe, tamponnée de son sceau...    
Eh bien quelques jours après ma courageuse confession  -  est-ce qu'on dit  "coming out", pour ça aussi??  -   j'eus enfin ma réponse, et je reçus ma décision, plutôt que je ne la pris :   
Tandis que nous rentrions ensemble de l'école, ma très chère copine et meilleure amie écoutait de la musique avec son walkman  (l'ancêtre de l'ipod d'aujourd'hui), les écouteurs aux oreilles, et elle souriait, chantonnait, se trémoussait et dansait littéralement dans la rue au son d'une jolie musique qu'elle semblait apprécier immensément.    
"Ca a l'ai de te plaire", lui dis-je intéressée.       
"C'est du folklore. C'est magnifique, génial! J'adore..."    -   "Tu veux écouter ?"  Sur ce, elle me tendit les écouteurs, et j'eus la plus jolie surprise de notre relation d'amitié :  "Toi aussi, tu aimes le yoddle et le folkore suisse ???", demandai-je dans un grand étonnement.  "Je ne m'y attendais pas. Pourquoi ne me l'as-tu pas dit ?"  
Elle reprit en hâte les écouteurs :  "C'est pas du yoddle !!!  C'est de la musique des Balkans ! Ca n'a rien à voir..."  Elle se remit les écouteurs sur la tête.  
Si elle ne me l'avait pas dit, je n'aurais jamais su qu'il y a, dans les blakans, une musique traditonnelle qui ressemble aussi parfaitement et étrangement à notre musique suisse.   
Nous avons passé le reste du chemin à disputer de la pertinence de ma confusion :  elle soutenait que ces musiques étaient totalement différentes ; je soutenais que je les avais sincèrement confondues, parce qu'elles se ressemblent étrangement, et qu'elles ont d'ailleurs, peut-être, des racines communes, qui sait ?   
Quoi qu'il en soit, j'ai compris là que ce qui porte le nom de mon pays est insupportable, mais qu'il suffit de donner à la recette un autre label, pour qu'elle devienne un mets de choix. Cela n'a rien à voir avec la moindre réalité ou des critères objectifs :  c'est totalement une question de positionnement arbitraire et volontaire pour ou contre les valeurs, en l'occurrence culturelles, de notre pays.   
Idem pour les valeurs morales et spirituelles de nos ancêtres : cette mentalité est la nôtre et s'est imposée jusqu'à aujourd'hui, au point que nous ne nous rendons même plus compte de son absurdité et de sa fondamentale incohérence !...   
Que D.ieu nous aide !   
Cordiales salutations, 


M.-.M. E. Jones     

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